Aux longues plages de silence

Il pleuvait, et je regardais la pluie, un peu. Comme quand j'étais gamine les mercredis après midi. Je restais assise sur les marches de l'escalier à regarder la pluie tomber derrière la petite fenêtre. J'avais mon k-way rouge et je gardais à la main mon parapluie aux motifs de printemps. Un petit parapluie d'enfant cadeau de mon grand-père. Un parapluie made in china. Je restais sur les marches parce que ma mère ne me laissait jamais sortir quand il pleuvait. Alors je ne pouvais que rêver des flaques et du clapotis qu'auraient fait les gouttes sur le tissu imperméable. C'est à cette époque qu'est née mon ultime passion pour tous les parapluies. Les grands, les petits, ceux qui tiennent dans les sacs et ceux qu'on garde à la main. Les rouges, les arc-en-ciel, ceux à points noirs, ceux à étoiles, les roses, même les violets un peu cassés. Enfin voilà il pleuvait.

Il pleuvait, et je regardais la pluie, un peu. C'est là que mon portable a vibré. J'ai hésité entre Cé., pour la 12ème bêtise de la journée, et ma coloc, qui me demandait où était passé l'ouvre-boîtes. J'ai hésité mais je n'y étais pas du tout. Ce soir 11/05/09 20:59 c'est un nom auquel je ne m'entendais pas qui s'est affiché. Et un message laconique qui me fait penser qu'elle n'a pas changé. A. Ça fait longtemps hein. J'ai souvent pensé à elle ces temps ci. A. Et elle a le chique pour bien tomber, pour tomber aujourd'hui. Un onze coincé entre un dix et un douze, je sais qu'elle l'a fait exprès. Alors j'ai tapé son nom sur google, je suis allée voir, par-ci, par-là. J'ai vu qu'elle n'était pas là où je la croyais, là où c'était prévu. Mais je ne sais pas, j'espère que ça va.

Il pleuvait, et je regardais la pluie, un peu. Il y a eu comme un fantôme et j'ai dû débrancher l'antenne télé à cause de l'orage. J'ai regardé la photo, celle d'y a un millier d'années. Je crois que l'orage est passé, j'attendrai demain pour rebrancher l'antenne. Je crois que c'est bien.